A l’occasion de la commémoration du 46e anniversaire de la mort de l’ancien président égyptien et leader arabe Gamal Abdel-Nasser, mort le 28 septembre 1970, sa petite villa de deux étages, située à Héliopolis au Caire, a ouvert cette semaine ses portes au public. Avec une superficie de 13 400 m2 au total, (dont la villa occupe uniquement 1 300 m2), l’ancienne maison de Nasser a été transformée en musée grâce aux travaux du secteur des beaux-arts du ministère de la Culture. Des travaux entamés depuis 2011.
Le musée raconte la vie de Nasser, ses luttes, les événements historiques importants au cours de sa présidence, retraçant ainsi une partie importante de l’histoire contemporaine de l’Egypte.
En fait, l’idée de la création du musée Nasser n’est pas nouvelle. C’est après la mort de son épouse Tahiya, en 1990, que ses enfants, héritiers de cette résidence où Nasser a vécu toute sa vie, l’ont offerte au gouvernement égyptien avec l’unique et simple désir de la transformer en musée. Le travail est passé par différentes étapes dont la plus simple était la restauration du bâtiment et le réaménagement de son infrastructure. Traversant les grilles de la porte principale du musée, la verdure attire les yeux du visiteur. La maison apparaît au centre et un buste de Nasser accueille les visiteurs en face de la porte d’entrée.
Le trajet de la visite commence au rez-de-chaussée, avec l’exposition d’une petite maquette au milieu de la salle principale, montrant tout le musée. Un documentaire enregistré par Abdel-Hakim, le fils cadet du président Nasser, juste avant de quitter la maison, est diffusé dans la salle principale. « Ce documentaire sur la maison nous a énormément aidés à récupérer quelques meubles », déclare Ahmad Al-Chaer, directeur du musée.
Le concept et la muséologie du musée ont été confiés à l’artiste Karim Al-Chabouri, après qu'il eut remporté le premier prix dans un concours organisé pour ce projet. Il a alors commencé à planifier la maison en conservant tout ce qui concerne le président Nasser et non pas sa famille. « Le concept du musée se concentre surtout sur la personnalité de Nasser et ses exploits politiques. C’est pour cela qu’on s’est débarrassé, par exemple, des chambres à coucher de ses enfants ainsi que de celle de sa femme », explique Al-Chaer.
Chaque coin exploré
Al-Chabouri a exploité chaque chambre de la villa, en leur donnant un thème particulier pour retracer l’historique de Nasser. La « Salle des collections » est la première salle, à gauche de l’entrée de la maison, qui était à l’origine une salle de cinéma. Elle renferme les photos de Nasser lors de ses voyages et visites aux pays étrangers, des vitrines renfermant plusieurs souvenirs tels que des appareils photo et cinématographiques du président qui était doué de photographie. D’autres vitrines renferment des cadeaux et des médailles offerts par les chefs d’Etat arabes, africains ainsi qu’européens. La salle expose également une partie du tissu entourant la Kaaba (à La Mecque en Arabie saoudite), qui a été offerte à Nasser en 1969, par le roi saoudien Fayçal Bin Abdel-Aziz.
Le plus attirant dans cette salle c’est une ancienne statue en calcaire de taille moyenne montrant Gamal Abdel-Nasser entouré par ses soldats. Dans la salle qui se situe en face de la porte d’entrée et qui porte le nom « Histoire d’un peuple », trois écrans panoramiques diffusent au visiteur un documentaire de l’histoire de l’Egypte (vécue par Abdel-Nasser) depuis la guerre de Palestine en 1948, la Révolution de 1952 jusqu’à sa nomination en tant que président de la République. L’histoire continue dans cette maison où Abdel-Nasser a accueilli des présidents et chefs d’Etat de tous les pays du monde et qui a été témoin de réunions et de décisions déterminant le sort du pays.
Plusieurs thèmes
Au premier étage du musée, chaque pavillon à un thème : la tentative d’assassinat de 1954, la nationalisation du Canal de Suez en 1956, l’évacuation des troupes anglaises en 1956, la fondation du Haut-Barrage, etc. Dans chaque pavillon se trouve un écran qui diffuse les discours de Nasser. De larges bancs sont aussi placés dans les différents pavillons pour permettre au visiteur de suivre confortablement les discours complets de Abdel-Nasser.
Parmi les salles intéressantes, l’une est consacrée aux affaires personnelles de Nasser telles que ses lunettes, sa boîte de cigarettes, sa raquette de tennis de table, son jeu d’échecs préféré et d’autres. La salle voisine abrite les photos de la famille ainsi que quelques vêtements comme son pyjama, ses cravates, ses chapeaux, son alliance de mariage, etc. « Presque toute cette collection a été offerte au musée par ses enfants », dit le directeur.
Pas un moment à perdre. « Les photos se trouvent dans chaque coin de la maison. Le choix de leurs endroits n’est pas fait au hasard. On a fait en sorte que le visiteur, en entrant et en sortant du musée, voie le leader arabe », indique Al-Chaer.
Arrive alors la dernière station au musée, « Le couloir des griefs ». Un grand écran panoramique diffuse les scènes funéraires du peuple triste et choqué de la mort de Abdel-Nasser avec un discours triste lu par Anouar Al-Sadate. Par ce documentaire et les photos des chefs d’Etat accueillis en Egypte pour les funérailles se termine la visite de l’intérieur du musée. Des planches en bois conduisent de nouveau à la salle principale puis à l’extérieur. Le visiteur peut enfin faire un tour dans le jardin de la villa pour voir la voiture noire du président, toujours accompagné des célèbres chansons du chanteur égyptien Abdel-Halim Hafez sur le nationalisme arabe. Un véritable voyage dans le temps qui nous replonge dans l’âge d’or du nationalisme arabe.
Nasma Réda
05-10-2016 (Haram Hebdo)
Horaire d’ouverture : De 9h à 16h.
Billets : 20 L.E.